Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog méandres
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
5 janvier 2017

LA TENTATION DU COUVENT

16427594

Partir, foutre le camp, loin, loin de la vie, loin du monde, loin des hommes, loin des femmes. Loin du bruit insupportable, du caquetage insipide de mes contemporains.

 

Asile ! Asile ! Asile !

 

Une vie de moine.

 

Dans le jardin d'un couvent, écouter ces hommes simples prier en chantant un dieu auquel je ne crois pas, auquel je n'ai jamais cru. Peut être par détestation de la facilité et / ou goût du désespoir.

 

Fuir.

Fuir ces grands messes sociales, ces rituels pluriannuels et télévisuels.

 

Fuir, les bien pensants, les gens de biens, les vertueux, les amis de l'hommes, les défenseurs de la cause animale, les pourfendeurs de banquiers, les jaloux du talent, les envieux de la richesse, les avocats des causes justes et des justes causes toutes perdues d'avance, les profiteurs de la guerre des sexes.

 

En finir avec l'humanité.

 

J'en ai la nausée et des envies d'exterminer ces chiens qui se prennent pour des loups, ces chats qui se croient des tigres, ces poulets qui se voient comme des coqs, ces bœufs qui frappent du pied comme des taureaux de combat, ces pigeons qui pensent voler comme des aigles, ces minables minus intellectuels qui marchent comme des gorilles qui en auraient marre d'imiter l'homme.

 

J'en ai marre de payer si cher le fait de n'être ni sourd, ni muet, ni aveugle. Je veux en finir avec l'imbécile et décevante idée du bonheur, ce malheur qui se repose et que j'ai toujours su réveiller au mauvais moment.

 

Je veux atteindre la vision exacte de l'inutilité et de la nullité de mon existence, de la vacuité vertigineuse de mes névroses depuis toujours infécondes.

 

Pour me lever le matin de bonne heure après avoir dormi la tête libre et le cœur vide, sans avoir à me soucier du temps qu'il fait dehors ni de la météo personnelle de l'autre.

 

J'ai couru toutes les rues qui me venaient, après toutes les femmes que j'aurais pu baiser. Épuisant.

 

Je me sens souvent fatigué d'exister. Je ne veux pas mourir. Juste une grande lassitude des membres, du ventre et du cœur. Un énorme besoin de repos, comme une demi inconscience Oui, las, las, las de tout ce que j'ai désiré, de tout ce que j'aurais pu désirer, las du désir à perpétuité. Je réclame une remise de peine. Las, las de cet esprit défoncé à la lucidité.

 

Vivre

 

seul, enfin seul.

 

Sans personne pour me jeter la grande malédiction d'aimer et d'être aimé.

 

Donc sans angoisse et sans frustration, sans risque de jalousie intempestive autant qu'inopportune.

 

Sans sexe, sans femme.

 

Comme dans un grand ménage de printemps, jeter tout de qui m'encombre sous les poussières. Et plonger dans un grand vide sentimental et sexuel.

 

Sans sexe, cette putain de maladie congénitale qui s'est, depuis la prime adolescence, logée dans mes nuits d'insomnies et qui me fait redouter l'âge, pourtant bienheureux, de l'impuissance sénile.

 

Sans femme.

 

Ne plus m’essouffler à regarder des culs et des seins avec une incommensurable convoitise. Non, ne plus regarder les femmes et les imaginer.


Plus de sexe, plus de femme et plus l'angoisse de ma tige ridicule et de l'orgasme de la femme.

 

En finir avec mon désir de femmes et le désir de ces femmes qui me contraignent à jouer le jeu de l'amour alors que l'amour n'est jamais un jeu mais un chemin de croix. Quand on y croit. Et j'ai trop souvent eu la faiblesse d'y croire à en avoir encore les genoux écorchés et les lèvres fendues.

 

Plus d'humanité. Dans une sensibilité de squelette, quelle importance que le fracas du monde ? Que sous la torture crèvent un chien ou un homme, je m'en fous ! Je jette au diable les grands sentiments, les idées généreuses, l'absurde compassion, l'infecte pitié.

 

Je franchirai les grilles du couvent. J'en fermerai la porte qui ne s'ouvrira plus jamais. Je n'en sortirai plus. Je pourrai retrouver tous les encombrants souvenirs que j'ai déposés aux pieds d'une poubelle sur le trottoir. Je resterai sans mémoire. Je n'aurai donc jamais été aussi libre.

 

Et puis, plus de mémoire, donc plus rien à saborder pour hâter le naufrage final de ces histoires d’amour qui n'en finissaient jamais de boiter. Plus de passé non plus à dynamiter et à dynamiter encore. Le passé, travail, famille et autre patrie de mes fesses, sera vraiment mort et enterré. A jamais.

 

Liberté.

 

Vivre

 

seul, enfin seul.

 

Dans cette solitude totale où je n'aurais plus à faire semblant, de danser, de pleurer, de crier, de chanter, selon les circonstances. Il n'y aura plus de circonstances. Demeurer immobile dans mon silence sans avoir à m'en justifier. Sans la nécessité d'expliquer mon indifférence à un monde dont je me serai échapper, auquel je n’appartiens plus, pour lequel je n'existe plus. Je serai sans honte, sans regret, sans remord, sans culpabilité.

 

Silence, immobilité, solitude.

 

Juste respirer.Jusqu'au dernier souffle. Et après, basta !

 

Divine solitude qui ne sera pas une solitude divine. J'en demande d'avance pardon aux bons frères.

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 50 166
Publicité
Blog méandres
Archives
Blog méandres
Publicité