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26 mars 2021

Anorexie

 

"On est livrés à nous-mêmes" : la maman d'une jeune fille anorexique du Finistère témoigne

L'anorexie plonge chaque année des milliers de familles dans la détresse. Face à une adolescente qui refuse de s'alimenter (9 malades sur 10 sont des filles), les parents se retrouvent souvent impuissants. Patricia, une maman de Plabennec (Finistère), lance un cri d'alerte sur France Bleu.

https://www.francebleu.fr

 

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26 mars 2021

Maux de l'enfance et maladies chroniques

 

Les maladies chroniques, témoignages des souffrances de l'enfance ?

Et si les souffrances de l'enfance expliquaient les maladies chroniques de l'adulte ? C'est l'hypothèse avancée au début des années 1990 par Vincent Felitti, responsable du département de médecine préventive au sein de la clinique Kaiser Permanente à San Diego, en Californie. Depuis lors, bon nombre d'études tendent à le confirmer...

https://theconversation.com

 

25 mars 2021

DES CORPS DE PIERRES AUX CORPS DE CHAIR

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Enfant, déjà, il ne pouvait pas s'empêcher de tourner autour de ces statues à la grecque dans le parc. Il ne pouvait pas se retenir de les caresser. Avec ce sentiment de honte et de culpabilité que donne le péché accompli en secret ou publiquement. Sa sainte femme de mère, du reste, quand elle l'y surprenait et elle avait toujours le regard aux aguets, l'en tançait vertement.

Mais, et au diable la punition, il ne pouvait pas résister à la tentation de ce frisson violemment délicieux et voluptueux qui lui bouleversait le ventre quand il effleurait les corps de marbre des dieux et des déesses antiques. Il osait même, parfois étreindre une cuisse et poser sa main sur un phallus ou sur un sein. Il en perdait presque conscience tout entier les brumes de son extase.

Ce furent là ses premiers orgasmes esthétiques et sexuels.

Dans sa tête et dans sa chair en naquit la conviction que l'esthétique est sexuel et le sexuel esthétique. Que la beauté ne peut naitre que du charnel.

 

Sa puberté fut précoce et exigeante. L'onanisme y occupa donc une place importante. Habitude qu'il a conservé toute sa vie durant.

 

A quinze ans, il avait lu Baudelaire, Whitman, Wilde et attaquait Nietzsche.

 

En écoutant ces génies insurpassables, Mozart, Beethoven, Verdi. Bowie, quelques fois. Davantage pour toute l'ambivalence du personnage que pour sa musique. Il n'écoutait rien d'autre. Et qu'on lui reproche sa « fermeture d'esprit » incapable d'apprécier les génies modernes », il n'en avait rien à foutre. Ces ignorants ne lui inspirait que du mépris. S'ils se contentaient de si peu c'était bien parce qu'ils étaient incapables d'atteindre les sommets.

 

S'alignant sur ces géants littéraires et musicaux, il en acquit rapidement une conception de la beauté absolue intransigeante, intolérante, fanatique. Une mentalité d'inquisiteur. Estimant qu'il y avait tant de laideur et de vulgarité, dans l'humanité, qu'elle ne méritait que de brûler dans un grand feu purificateur pour disparaître à jamais. Il aurait craquer volontiers et sans état d'âme la première allumette. C’eût été une béatitude que de contempler, en jouant Beethoven sur son piano, l'incendie universelle purificatrice. Il avait une grande admiration pour Néron, cet empereur qui lui, au moins, ne s'embarrassait ni de de morale ni de vertu. Ni de raison.

 

Foutaise que la raison ! Une toile d'araignée qui asphyxiait la plus petite notion de beauté, la plus timide tentative de créativité. Combien de fois lui avait-on seriné le monstrueux « mais sois donc raisonnable ». Il n'avait jamais pu s'y soumettre. Ce n'était pas de la mauvaise volonté de sa part. Simplement, il ne le pouvait pas. Il était ainsi. Un être de déraison. Et qui l'affichait à la face de d'une humanité de nabots qui n'y comprenaient rien. Gulliver exilé chez les lilliputiens.

 

A seize ans, premier corps de femme, à dix sept ans, premier corps d'homme. Qui lui ouvraient la route escarpée d'une bisexualité compliquée. Mais prendre l'un pour rejeter l'autre, faire un choix, c'eût été indigne d'un être comme lui. Choisir, c'était bon pour les peureux, les craintifs, les timorés, les gagne petits de la vie. Lui, il se voulait mâle dominateur ou femelle soumise selon son humeur du jour. Il voulait tout voir, tout connaître, tout savoir, tout vivre en un mot. Le reste, c'était le lot de ces petits bourgeois qui se parent de vertu pour masquer leur défaut d’intelligence.

 

Il n'était pas de ceux qui couraient à l'orgasme fugace, à la jouissance du pauvre.

 

Il cherchait l'extase.

 

 

20 mars 2021

PROVINCE

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Putain de ville endormie sans rêve ni cauchemar dans le trou du cul de la province profonde.

Qui passe son temps à ruminer encore et encore le souvenir du temps où l'industrie papetière, tout en empuantant le fleuve, faisait sa richesse. Et les regrets de sa gloire éteinte de place forte imprenable et de ville royale.

Mortellement grise.

Parce que tout y est gris, les rues, les pierres, les gens, le fleuve, le ciel.

Même le soleil y est gris.

D'une banalité navrante dans laquelle on s'ennuie ferme.

Surtout le dimanche et le soir après dix neuf heures.

Comme de bien entendu.

Ici, même l'ennui est banal.

Mais c'est un ennui de tradition, un ennui distingué qui ne se montre pas.

 

Il y a la Ville haute. Encore appelée Le Plateau.

Entourée de ce qui reste des remparts. Rasés à un mètre du sol par ce XIX° siècle impie et meurtrier.

C'est tristement chiant et et démodé comme une chanson de Piaf ou de Brel.

A l'est et au sud, les quartiers saint Pierre et de l'Arsenal. Réserve naturelle des gens bien, haute bourgeoisie locale toujours bien pensante. Jadis catholique pratiquante elle vote aujourd'hui majoritairement socialiste de bon ton. Le même visage de la vertu sous le masque de l'hypocrisie. Rien n'y a changé depuis deux cents ans.

A l'ombre de la cathédrale réellement romane et du « château ». L'hôtel de ville, une horreur architecturale en faux gothique mais vrai mauvais goût petit bourgeois. Voisin de la préfecture et de la banque de France.

A l'ouest et au nord, avec vue sur le fleuve, le quartier sainte Marie. Habité jadis par les ouvriers papetiers, remplacés au cours du vingtième siècle par un sous prolétariat d'émigrés en tous genres. Un abcès purulent que la municipalité a vidé pour « réhabiliter » sainte Marie. Autrement dit pour en faire un piège à touristes affamés qui y trouvent des fast food, des restaurants exotiques et de « tradition ». Il y en a pour tous les goûts mais pas pour toutes les bourses.

 

Par la porte dite du Sauvage, par la rue du rempart de l'Ouest, on accède à la Ville basse. Qui recouvre la colline de pavillons banlieusards loués il y a quelques décennies avec possibilité d'accession à la propriété. Quand l’industrie papetière tournait encore à plein régime, on avait à cœur d'embourgeoiser le prolétaire en en faisant un possédant.

 

Séparée de la Ville basse par un cordon sanitaire invisible mais infranchissable, isolée du reste de l'humanité, La Garenne de Bosso traversée par la rue du rempart de l'Ouest.

Coincée dans une boucle du fleuve qui l'empêche de se disséminer comme une infection virale et de contaminer toute la ville et la campagne alentour.

 

La Garenne de Bosso.

Un véritable chancre syphilitique purulant à l'extrême.

Traversée jusqu'au fleuve par la rue du rempart de l'Ouest qui devient commerçante. Où subsistent un bureau de poste pour toucher ses aides sociales, quand on en a, deux boucheries hallal, un épicier arabe ouverts jusque tard dans la nuit, deux bistrots pour les dépenser. Une banque aussi, mais on se demande bien pour qui et pour quoi. Et une pharmacie. Mais pas de médecin.

Juste un centre de consultions psychiatriques. C'est vrai que de vivre ici à de quoi rendre fou à lier. Et un pourrissoir/mouroir appelé EPHAD. Qui pue la pisse et la mort jusque sur le trottoir. Rempli surtout d'anciens pensionnaires de l'hôpital psychiatrique, qui n'y avaient plus leur place et dont on ne savait pas quoi faire.

Pudiquement appelée « quartier défavorisé ».

Des logements sociaux insalubres, qui menacent ruine.

Ce n'est pas un quartier.

C'est une zone, oubliée des flics et des services dits sociaux. Peuplée de racailles, de drogués en bout de course, de dealers et autres trafiquants en tous genres, d’immigrés plus ou moins clandestins.

De paumés de toutes sortes, brisés par la vie.

Ici, c'est Zola, peut être en pire, au XXI° siècle.

Ici, il n'y a pas de vertu ni de bien pensance.

On n'a pas les moyens pour ça.

Trop de misère noire et de malheur à l'infini.

A en crever.

On en crève derrière les murs qui cachent leur lèpre sous des tags aussi vengeurs qu'obscènes.

Quand on jamais eu, quand on n'a pas, quand on aura jamais les moyens de lire les grands auteurs, on hurle sa rage et son désespoir en dégueulant de l'obscénité.

Pas le choix.

 

La Garenne de Bosso et la Ville, haute et basse.

Deux mondes éloignés l'un de l'autre par des années lumières.

Qui se connaissent mais ne se reconnaissent pas.

Réunis pourtant par une haine mortelle et un farouche mépris de l'autre.

Dont on ne parle qu'en se bouchant le nez tant son odeur est insupportable.

L'autre qu'on ne veut pas regarder et encore moins rencontrer.

Sauf pour des rencontres furtives, dans l'ombre puante de la porte du Sauvage, haut lieu du commerce de shit et autres produits psychotropes.

Un commerce qui ne connait pas de crise.

 

Dans d'anciens entrepôts au début de la rue du rempart de l'Ouest, les conservatoires de danse et de musique et l'école, orgueilleusement nationale, des beaux arts. Installés là pour « déstigmatiser » la quartier et sa population en difficultés et développer la mixité sociale.

population qui se fout complètement du « culturel ».

 

Où l'on recouvre d'un vernis culturel la jeunesse des beaux quartiers. Où on la frotte au bas peuple. Il faut bien qu'elle voit le zoo de « ces gens là » et apprenne que la vie c'est ça aussi.

D'une pierre deux coups

 

 

18 mars 2021

MORT DE LA FOLIE

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Notre siècle serait-il celui de la mort de la folie ?

 

Ce XXI° siècle serait-il celui de l'interdiction d'être fou, de la mise hors cité de la folie ? Comme Platon voulait chasser les poètes de sa république ? Comme on rejetait jadis le fou hors de la ville pour le tenir enfermé derrière les hauts murs de l'asile ?

 

Le fou n'est plus un fou, mais seulement un malade quand on ne le sous qualifie pas d'handicapé. Exit le fou, il n'a plus sa place, il est de trop, il est en trop.

 

La folie est-elle trop vaste chose pour avoir encore sa place dans ce monde étroit qui en a fait une pathologie comme les autres, qui la soigne et prétend la guérir avec des substances chimiques ?

 

Ces temps qui sont les nôtres, ont la rage de la rationalisation, de la classification, de la normalisation. La plupart des phénomènes naturels ou pas, dans la nature en général et dans la nature humaine en particulier peuvent être abordés dans une démarche rationnelle. Mais pas la folie. La lecture scientifique de la folie est par trop restrictive. Chaque folie est unique parce que chaque individu, fou ou pas, est unique.

 

Enfermer la folie dans le cadre de la raison raisonnante, c'est à coup sûr se priver d'en découvrir tous les secrets, s'obstiner à vouloir éradiquer la folie c'est interdire au fou toute possibilité de se connaître et de reconnaître sa folie, de l'intégrer de manière adéquate à son parcours de vie, à sa personnalité. Contraindre le fou à la guérison, c'est faire taire et la folie et le fou, c'est nier toute la richesse d'un être et d'un monde qui n’appartient qu'à lui. C'est bloquer toutes les possibilités créatrices de la folie. Voir la production artistiques des « aliénés pré-neuroleptiques » et ne pas oublier que le saint DSM considère toute création artistique comme un signe de pathologie mentale, voire comme une pathologie mentale.

 

Je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut pas soigner la folie, abandonner le fou à son triste état. Je dis simplement qu'il faut envisager une autre forme de prise en charge, respectueuse de l'individu et de la folie qui est l'une de ses caractéristiques qui ne doit pas systématiquement lui faire prendre le chemin de la psychiatrie. Je dis simplement qu'il faut réhabiliter la folie dans toutes ses dimensions, dans toutes ses expressions, l'appréhender comme l'élément central d'un vécu particulier, que de nier comme les psychiatres le font aujourd'hui, que si la folie peut avoir des aspects pathologiques, elle n'est pas que pathologie. Pour le dire autrement, lutter contre la souffrance de la folie oui, lutter contre la folie non. Ne privons pas l'individu de cette opportunité considérable qu'est la folie de se voir tel qu'il est, dans toute sa globalité, dans toute sa singularité. Ne tuons donc pas la folie dans l'oeuf.

 

En médecine en général et en psychiatrie en particulier le dépistage à tout va est non seulement contre productif mais iatrogène. On sait bien que l'on soigne des maladies qui pourraient, pourraient, se déclarer avant qu'elles ne se déclarent. On » repère », mais à force de chercher on finit toujours par trouver, chez les jeunes, voire très jeunes, enfants des « troubles du comportement ou de la personnalité ». Et on les soigne, on les traite, on les fait revenir dans le rang. Bref, on les lobotomise chimiquement sans plus de raison que cette actrice qui se fait faire une double mammectomie parce qu'elle aurait pu développer un cancer du sein ! Les murs de la psychiatrisation s'écartent de plus en plus, enfermant tous les hors normes de la société. Et les normes sont de plus en plus resserrées. On veut même psychiatriser nos émotions. La joie et la tristesse sont devenues folie. Peut être le sont-elles, sans doute l'ont-elle toujours été. Mais si l'homme est un animal doué de raison, c'est la plupart du temps un animal déraisonnable. Parce que c'est d'abord et avant tout un animal fait d'affects et que ces affects peuvent lui faire accomplir les pires, ou les meilleures, folies.

 

Si, comme je le pense, la folie est le propre de l'homme, programmer ainsi la mort de la folie, n'est-ce pas programmer la mort de l'humanité ? Qui risque fort de survenir avant celle de la folie. Dans un monde devenu à bas bruit, totalitaire. Dois-je rappeler que les premières victimes du nazisme furent les malades mentaux ? Que la Russie soviétique enfermait dans ses asiles tous ceux qui n'étaient pas pas socialistes au « paradis socialiste » ? Tuer la folie, c'est mettre tout le monde au même pas et le crâne rasé dans un uniforme de bagnard. Cette volonté d'éradiquer la folie c'est la volonté d'éradiquer l'art qui ne va jamais sans la folie. C'est la volonté d'éradiquer et de robotiser l'espèce humaine.

 

Je n'ai pas envie d'un monde sans fou et sans folie.

 

 

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12 mars 2021

APRES MIDI D'AUTOMNE

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Sans chercher où aller, je marchais.

Je marchais dans une météorologie favorable au rêve, propice à la mélancolie, à la délectation morose.

Et de réflexion...

… egocentrée.

 

C'était, c'était un après midi d'automne. Un bel après midi d'automne. Les quais de l'île saint Louis étaient très doux dans une lumière d'indicible solitude bienheureuse. Calme étrange. Silence inhabituel. Ce n'était pas un temps de paix mais une époque de chaos de juste après guerre.

Le vide dans l'absence à tout et surtout à moi-même. Toute vérité détruite. Un monde nouveau, celui de l'illusion, du mensonge, de la mythomanie.

Sans aucune réalité.

 

Tout ce qui a été adoré a été brûlé et rien de ce qui a été brûlé ne sera adoré.

 

Tout cela ne fut qu'une ridicule tragi-comédie qu'elle aurait voulue histoire d'amour.

Une histoire d'amour !

Cela n'a aucune importance. Qu'importe la dramaturge. Assez piètre du reste. Ce n'était pas la pièce qui comptait. C'était moi, l'acteur et le metteur en scène.

 

Que fut-elle ?

Une petite princesse bêtement sentimentale, jusqu'à la tyrannie, qui avait la plus absurde des prétentions, la plus stupide des exigences : que je l'aime et et qu'elle m'aime.

Sacrifiant son esprit pour se masquer avec le mien, dans un élan d'amour mystique mais vulgaire et anthropophage. Soumise à tous mes désirs, à toutes mes fantaisies. Une esclave oui, mais l'esclave finit toujours par dominer son maître.

 

  • Je te connais mieux que tu ne le crois. Je sais tout de tes blessures et mon amour t'en guérira.

 

De quel droit, pauvre fille, m'aimait-elle et avait-elle décidé de me guérir ?

Ce n'était qu'illusion de sa part. Mais il y avait peut être une faille dans ma cuirasse. Il devenait urgent de fuir.

Avant qu'elle pénètre par effraction dans un territoire interdit et me perce à jour.

Je commençais à la haïr.

Elle me dégoûtait dans sa guimauve miraculeuse. En lui retirant, entre le soir et le matin, tout ce que, pour lui plaire, pour la conquérir, je lui avait donné sans compter, je précipitais la chute de la déesse, je la renvoyais à sa condition de simple mortelle.

 

  • Tu m'as raconté n'importe quoi. Menteur ! Tu m'as trompée. Je vois clair dans ton jeu, espèce de pervers qui ne sait que détruire. Je t'aime moi, tu comprends ça, je t'aime. Non, tu ne comprends pas. Tu es incapable de comprendre. Il faudrait que tu puisses aimer pour le comprendre.

 

  • ,Je ne t'aime pas moi. Je ne t'ai jamais aimée. Et en plus tu me dégoûtes maintenant. Physiquement, tu me dégoûtes. Tu ne t'es donc pas rendu compte que je te baisais de moins en moins, que tu ne faisais plus bander ? Je n'en peux plus de ta vulgarité dans la baise et de tes grognements de porc moribond quand tu jouis. Tu n'as vraiment aucune élégance. Tu te crois maligne mais tu es une conne. Conne d'y avoir cru, à toutes ces conneries. Pauvre idiote, l'amour ça n'existe que dans la littérature. Et dans ta tête. Je n'y suis pour rien si tu y as cru. Tu es vraiment une toute petite chose. Tu n'es pas à ma taille. Laisse tomber.

 

  • Mais moi, je me suis attachée à toi. Je ne veux pas vivre sans toi. J'avais des projets pour nous. Tu fous ma vie en l'air et ça te fait rire. Ne te retiens pas. Je vois bien que tu ris. Ça te fais jouir de me faire pleurer. Moi, j'avais besoin que tu m'aimes, que tu me rassures. Que toi et moi ce soit pour toujours. Un grand amour. Tu m'y as fait croire salaud. Tu es un beau parleur Charles, mais tu es le plus grand des menteurs. Je le dirai à tout le monde. Tu me le paieras, fais-moi confiance, tu vas y laisser des plumes. Allez, je rentre chez moi. Reste dans ton existence de merde et crève.

 

Un si grand amour ne pouvait faire naitre en moi que l'idée, certes cruelle mais inévitable, sans remord et sans honte, de la détruire. Comme les autres qui avaient eu le culot de me dire je t'aime. Je détestais que l'on m’aime.

 

Je la laissais partir en claquant la porte. Sans un geste pour la retenir. Juste un grand sourire. De foutage de gueule. Qu'elle ne pouvait pas ne pas voir. La dernière vision de moi que je lui offrais.

 

Un ultime souvenir.

8 mars 2021

JOEL DICKER/LE MYSTERE DE LA CHAMBRE 622

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Un palace huppé dans les Alpes suisses. Il y des années un meurtre y a été commis. Sans jamais avoir été élucidé. Un écrivain qui venait simplement y passer des vacances va se trouver plonger jusqu'au cou dans cette affaire. Et nous plonge entraine dans le monde, souvent sordide des banquiers genevois. Jalousies, trahisons, manipulations de haut vol, assassinats, coups bas en tous genres, rivalités amoureuse, financières, de pouvoir, services secrets, rien n'y manque.

Que s'est-il donc passé dans cette chambre 622 qui existe et n'existe pas ? Qui y a été tué ? Qui a tué ? Il faut du temps pour commencer à y voir un peu clair. Dicker ne nous facilité pas la tâche dans un incessant va et vient entre passé(s) et présent, vraies fausses pistes et fausses vraies pistes. Les intrigues se superposent aux intrigues. C'est vertigineux. On s'y perd. Mais on ne lâche pas le bouquin. On a trop envie de savoir. On se calme pour ne pas sauter des pages pour aller plus vite car le moindre détail est important. Et c'est presque à la fin qu'on découvre qui est la victime. Et à la toute fin qui est l'assassin et pourquoi il a tué.

Et là on tombe sur le cul.

C'est d'une précision d'horloger suisse, des descriptions au scalpel, c'est diabolique et époustouflant. Un gros pavé, certes, mais on ne voit pas le temps passer. Dire que j'ai aimé est un doux euphémisme.

Bien sûr, l'écrivain c'est Dicker qui en profite au passage pour rendre un vibrant hommage à feu son éditeur, Bernard de Fallois.

6 mars 2021

Theunisen

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Emociones analógicas en las fotografías íntimas de la neerlandesa Berber Theunissen - Cultura Inquieta

Verdades que se ocultan en los pliegues de la piel y secretos que afloran gracias al juego de luces que maneja con maestría la fotógrafa holandesa Berber Theunissen. Berber Theunissen, tras probar las luces y las sombras de vivir en una gran ciudad como Amsterdam, decidió volver al campo que la vio nacer para rodearse de los olores y de los sonidos de la naturaleza que tanto había echado de menos.

https://culturainquieta.com

 

27 février 2021

UN HOMME, UN VRAI

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Numéro 2.

Un homme, un vrai.

Le mâle surpuissant, image même de la virilité triomphante, musclée, poilue, glorieusement couillue.

Le mâle dominant, écrasant, par sa voix gonflée de testostérone.

Dévot intransigeant du phallus imperator, objet de son orgueil. Son sceptre. Roi soleil de droit divin. Omniscient et omnipotent.

Maitre et origine du monde. (Il ne connaissait pas Courbet.)

L'axis mundi, l'alpha et l'oméga de sa philosophie.

Qu'il désirait m'inculquer pour faire moi un homme, un vrai

 

C'était cet homme qui, sans que personne l'en ai sollicité, autant que je sache, et sans que personne le conteste, avait décidé de prendre d'une main de fer dans un gant de velours mon éducation sexuelle et sentimentale.

 

Ça l'a pris quand à treize ans, j'entrais en puberté. Je n'étais pas spécialement en avance et d'une ignorance quasi totale quant à la sexualité. (Parce que chez nous, on ne parle pas de ces choses là devant les enfants.) Quand, dans la cour du collège, mes copains, pour la plupart mieux informés que moi, y faisait allusion en riant, je riais moi aussi pour faire semblant de comprendre. Mais pour moi, le sexe était affaire d'extra terrestres.

 

Le temps était venu, en effet, que Numéro 2 me dévoile tous les mystères de la vie.

Pour mon bien et, surtout, pour éviter que je tourne mal. C'est à dire que je tombe dans le vice de l'homosexualité. C'était sa hantise, son angoisse obsessionnelles. (Pas de ça dans la famille.)

 

Petit, fais-moi confiance, avec moi, tu vas devenir un homme. Pas une moitié de pédé. (Pourquoi, il y a des pédés entiers et des moitiés de pédé?) Je ne leur ferai pas de mal, mais j'aime pas les pédés. Ils me dégoûtent. C'est contre nature ce truc. Ils ne devraient pas exister. (et pourtant ils existent!)

Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de lopette efféminée chez nous. (Que tu crois. J'ai entendu des trucs sur le sujet. Mais peut être que j'ai mal compris.) Et c'est pas toi qui commenceras. Si un jour il te venait l'idée de te faire enculer en couinant comme une femelle, je me chargerais de te remettre le cul à l'endroit.

Je ne te laisserai pas salir l'honneur de la famille avec ce genre de saloperie. Il ne faut jamais que tu oublies ça. Notre honneur. L'honneur de la famille, une autre de ses sourcilleuses préoccupations. A croire qu'il ne dépendait que de moi, de mes jeux, de mes lectures, de mes résultats scolaires et, désormais, de ma sexualité.

C'est important l'honneur. On rigole pas avec ça. Alors, ne nous fait pas honte bordel ! (Ben je viens d'avoir treize ans et je n'ai encore rien fait moi. Juste me toucher, le soir dans mon lit, parce que je viens de découvrir la masturbation. Mais personne ne le sait.)

Je t'aime bien, tu le sais, mais je préférerais te voir mort plutôt qu'une tante. (Charmant!)

 

Mais pas de doute, tu vas devenir un homme, un vrai.

Il désirait plus que tout faire de moi un homme, un vrai.

Il considérait que c'était là son devoir, sa mission. Sacrés. Au nom de l'honneur non moins sacré de la famille.

 

Qu'aurais-je pu bien comprendre, dans toute mon innocence, à son discours ?

Devenir un homme, un vrai. Mais c'était un quoi, un homme, un vrai ?

Je voyais bien que les hommes et les femmes n'étaient pas construits tout à fait sur le même modèle. Et encore je ne savais pas encore tout, loin de là.

Mais la différence entre un homme et un homme, un vrai...

Franchement, voilà qui m'échappait totalement.

Je supposais donc très vite qu'un homme, un vrai c'était comme lui.

 

Un homme à son image.

Un HOMME majuscule.

 

C'est ce qu'il voulait faire de moi.

Parce qu'il m'aimait.

Je crois.

 

Pour cela, je voulais lui ressembler.

Il était mon modèle, mon idole.

 

Jusqu'au jour où...

25 février 2021

TRAUMA

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Si je ne me trompe pas, c'est Freud qui appelle ça la scène primitive.

Quand un enfant surprend ses parents en plein coït.

Un traumatisme source de bien des névroses et dont il ne se relèvera pas.

Je n'ai aucun mal à le comprendre.

 

Moi, je ne m'en suis jamais remise de ce pourtant si bel après midi de juin.

De ma peur.

De ma terreur quant aux choses du sexe.

J'avais à peine huit an et ma mère m'avait expédiée dans ma chambre.

Tu y seras mieux pour jouer.

Scène ordinaire jusqu'à la banalité quand je l'encombrais et qui correspondait juste avant l'arrivée de l'une de ces petites frappes qu'elle ramassait dans les mauvais quartiers.

 

C'est dans mes pires cauchemars que ça revient et que je la revois ma mère couchée nue, les jambes écartées, sous ce type inconnu qui s'agitait sur elle comme pris d'une violente et interminable crise d'épilepsie.

Il allait me la tuer j'en étais sûre.

D'ailleurs, elle hurlait en essayant frénétiquement de lui échapper. Comme quelqu'un que l'on torture et qui sait qu'il va en mourir.

 

Comment aurais-je bien pu comprendre que ses hurlements étaient des cris de plaisir ?

 

Ce jour là, j'ai pris la paire de claques la plus retentissante de ma vie. Tellement retentissante que, depuis, j'en ai la tête toute dévissée. Elle ne tient plus très droit sur mes épaules et ça ne tourne plus très long à l’intérieur.

 

Bien sûr.

Ce n'était pas un spectacle pour une enfant.

Bien sûr je n'aurais jamais dû rester là à les regarder.

Bien sûr j'aurais dû m'enfuir et me cacher sous mon lit en me bouchant les oreilles pour ne plus rien voir, pour ne plus les entendre.

Bien sûr.

 

Même si.

Même si mon minuscule cœur d'enfant en chavirait à m'en donner des nausées.

Même si j'en pissais goutte à goutte de trouille dans ma culotte.

Même si l'autre, couché sur ma mère, me faisait signe de foutre mon camp en remuant les fesses.

Même si je me sentais en faute et que je redoutais la punition qui ne manquerait pas s'ils me surprenaient en train de les observer.

Même si.

 

Même si tout cela.

Je ne me suis pas enfuie, statue aux pieds pris dans une dalle de béton, fascinée, obnubilée par l'horreur de la scène.

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