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5 janvier 2021

LES STATUES DU PARC

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Enfant, déjà, il ne pouvait pas s'empêcher de tourner autour de ces statues à la grecque dans le parc. Il ne pouvait pas se retenir de les caresser. Avec ce sentiment de honte et de culpabilité que donne le péché accompli en secret ou publiquement. Sa sainte femme de mère, du reste, quand elle l'y surprenait et elle avait toujours le regard aux aguets, l'en tançait vertement.

Mais, et au diable la punition, il ne pouvait pas résister à la tentation de ce frisson violemment délicieux et voluptueux qui lui bouleversait le ventre quand il effleurait les corps de marbre des dieux et des déesses antiques. Il osait même, parfois étreindre une cuisse et poser sa main sur un phallus ou sur un sein. Il en perdait presque conscience tout entier les brumes de son extase.

Ce furent là ses premiers orgasmes esthétiques et sexuels.

Dans sa tête et dans sa chair en naquit la conviction que l'esthétique est sexuel et le sexuel esthétique. Que la beauté ne peut naitre que du charnel.

 

Sa puberté fut précoce et exigeante. L'onanisme y occupa donc une place importante. Habitude qu'il a conservé toute sa vie durant.

 

A quinze ans, il avait lu Baudelaire, Whitman, Wilde et attaquait Nietzsche.

 

En écoutant ces génies insurpassables, Mozart, Beethoven, Verdi. Bowie, quelques fois. Davantage pour toute l'ambivalence du personnage que pour sa musique. Il n'écoutait rien d'autre. Et qu'on lui reproche sa « fermeture d'esprit » incapable d'apprécier les génies modernes », il n'en avait rien à foutre. Ces ignorants ne lui inspirait que du mépris. S'ils se contentaient de si peu c'était bien parce qu'ils étaient incapables d'atteindre les sommets.

 

S'alignant sur ces géants littéraires et musicaux, il en acquit rapidement une conception de la beauté absolue intransigeante, intolérante, fanatique. Une mentalité d'inquisiteur. Estimant qu'il y avait tant de laideur et de vulgarité, dans l'humanité, qu'elle ne méritait que de brûler dans un grand feu purificateur pour disparaître à jamais. Il aurait craquer volontiers et sans état d'âme la première allumette. C’eût été une béatitude que de contempler, en jouant Beethoven sur son piano, l'incendie universelle purificatrice. Il avait une grande admiration pour Néron, cet empereur qui lui, au moins, ne s'embarrassait ni de de morale ni de vertu. Ni de raison.

 

Foutaise que la raison ! Une toile d'araignée qui asphyxiait la plus petite notion de beauté, la plus timide tentative de créativité. Combien de fois lui avait-on seriné le monstrueux « mais sois donc raisonnable ». Il n'avait jamais pu s'y soumettre. Ce n'était pas de la mauvaise volonté de sa part. Simplement, il ne le pouvait pas. Il était ainsi. Un être de déraison. Et qui l'affichait à la face de d'une humanité de nabots qui n'y comprenaient rien. Gulliver exilé chez les lilliputiens.

 

A seize ans, premier corps de femme, à dix sept ans, premier corps d'homme. Qui lui ouvraient la route escarpée d'une bisexualité compliquée. Mais prendre l'un pour rejeter l'autre, faire un choix, c'eût été indigne d'un être comme lui. Choisir, c'était bon pour les peureux, les craintifs, les timorés, les gagne petits de la vie. Lui, il se voulait mâle dominateur ou femelle soumise selon son humeur du jour. Il voulait tout voir, tout connaître, tout savoir, tout vivre en un mot. Le reste, c'était le lot de ces petits bourgeois qui se parent de vertu pour masquer leur défaut d’intelligence.

 

Il n'était pas de ceux qui couraient à l'orgasme fugace, à la jouissance du pauvre.

 

Il cherchait l'extase.

 

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