Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog méandres
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
21 décembre 2020

SOIR D'ANNIVERSAIRE

DSC_0015

Il y avait, ce soir là, précisément vingt ans et une poignée d’heures qu'il était né.

Une naissance fortuite, involontaire, accidentelle.

Peu de jours dans l'année le déprimait à ce point.

Il refusait donc absolument de fêter son anniversaire.

 

Ce vendredi de février était sinistre.

Alors, il était sorti, il était parti.

Malgré le temps de chien sur la ville.

Il y pleuvait et il y ventait comme il pleut et il y vente à chaque tempête du mois de février.

Février ici n'est pas un mois comme les autres, c'est une tempête.

 

Marcher.

Marcher à s'en briser le corps pour se vider la tête.

Son grand remède.

Tous les angoissés grands marcheurs connaissent cette ivresse, quand la fatigue devient presque orgasmique.

 

Quand il s'est posé sur un banc humide, entre le moignon de rempart et le monument « Au président Carnot la ville reconnaissante », il n'en pouvait plus. Il se dit qu'il ignorait ce que valait au président Carnot une telle horreur et qu'il s'en foutait complètement.

Il était juste bien, là, assis dans la tempête hivernale. Giflé à pleines volées par le vent et la pluie venus de loin, de la me,r par la vallée du fleuve. Dans les craquements des arbres. Comme des squelettes furieux.

A ses pieds, sous le rempart, la ville basse pénétrée en coin par la corne de La Garenne de Bosso.

La pluie et la nuit lui cachaient le campagne, au loin.

Il n’aimait pas la campagne.

 

Il était bien.

Au milieu de nulle part, sous les regards en biais des derniers passants pressés. Qui se demandaient ce que faisait cet énergumène, assis sur un banc par un temps pareil.

Il s'amusa à l'idée qu'une bourrasque plus forte que les autres et bien ajustée pouvait le faire basculer cul par dessus tête au dessus du rempart et le précipiter dans les broussailles. Il faudrait alors des lustres pour qu'on l'y retrouve. Pour autant que les chats sauvages et les chiens errants en laissent un os ou deux.

 

Il était bien.

Ou, plutôt, il ne se sentait pas mal.

Ce qui était toujours extraordinaire de ne pas se sentir mal.

Ivre de vent, de pluie, de froid et de fatigue, il se récita Baudelaire à pleine voix.

Baudelaire était divin.

L'albatros, c'était sa prière des athées.

 

Il était bien, assis en plein dans l'hiver.

Le plaisir de grelotter quand le froid le pénétrait jusqu'au fond des os.

Pendant que les autres se bagarraient pour les meilleures places au milieu du troupeau où ils se protégeaient du froid, lui, se tenait à l'écart. La chaleur animale l'écoeurait. Et il détestait les contacts avec ses congénères.

 

Il en avait bien profité et il eut envie d'un peu de chaud et de lumière.

A cette heure pourtant pas si tardive, la ville haute était morte. Pour trouver un bar ouvert, il lui fallait descendre à La Garenne de Bosso. Là, du lundi au dimanche compris, tout fonctionnait vingt quatre heures sur vingt quatre.

 

Il lui suffisait de descendre un peu dans la rue du Rempart de l'Ouest et d'entrer dans le premier bar encore éclairé.

Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 50 173
Publicité
Blog méandres
Archives
Blog méandres
Publicité