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22 novembre 2020

LA SCENE PRIMITIVE

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Si je ne me trompe pas, c'est Freud qui appelle ça la scène primitive.

Quand un enfant surprend ses parents en plein coït.

Un traumatisme source de bien des névroses et dont il ne se relèvera pas.

Je n'ai aucun mal à le comprendre.

 

Moi, je ne m'en suis jamais remise de ce pourtant si bel après midi de juin.

De ma peur.

De ma terreur quant aux choses du sexe.

J'avais à peine huit an et ma mère m'avait expédiée dans ma chambre.

Tu y seras mieux pour jouer.

Scène ordinaire jusqu'à la banalité quand je l'encombrais et qui correspondait juste avant l'arrivée de l'une de ces petites frappes qu'elle ramassait dans les mauvais quartiers.

 

C'est dans mes pires cauchemars que ça revient et que je la revois ma mère couchée nue, les jambes écartées, sous ce type inconnu qui s'agitait sur elle comme pris d'une violente et interminable crise d'épilepsie.

Il allait me la tuer j'en étais sûre.

D'ailleurs, elle hurlait en essayant frénétiquement de lui échapper. Comme quelqu'un que l'on torture et qui sait qu'il va en mourir.

 

Comment aurais-je bien pu comprendre que ses hurlements étaient des cris de plaisir ?

 

Ce jour là, j'ai pris la paire de claques la plus retentissante de ma vie. Tellement retentissante que, depuis, j'en ai la tête toute dévissée. Elle ne tient plus très droit sur mes épaules et ça ne tourne plus très long à l’intérieur.

 

Bien sûr.

Ce n'était pas un spectacle pour une enfant.

Bien sûr je n'aurais jamais dû rester là à les regarder.

Bien sûr j'aurais dû m'enfuir et me cacher sous mon lit en me bouchant les oreilles pour ne plus rien voir, pour ne plus les entendre.

Bien sûr.

 

Même si.

Même si mon minuscule cœur d'enfant en chavirait à m'en donner des nausées.

Même si j'en pissais goutte à goutte de trouille dans ma culotte.

Même si l'autre, couché sur ma mère, me faisait signe de foutre mon camp en remuant les fesses.

Même si je me sentais en faute et que je redoutais la punition qui ne manquerait pas s'ils me surprenaient en train de les observer.

Même si.

 

Même si tout cela.

Je ne me suis pas enfuie, statue aux pieds pris dans une dalle de béton, fascinée, obnubilée par l'horreur de la scène.

 

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