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20 août 2019

CHRYSAMTHÈMES

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C'est beau la fin octobre/début novembre.

Parce qu'il fait gris, humide et froid.

Parce qu'il fait triste.

J'aime bien aussi la fleur de saison, le chrysanthème.

La fleur pour les morts, la fleur de la mort.

Une fleur qui incite à la méditation, qui donne à penser.

 

Aujourd'hui, je suis gâté, j'ai de la chance.

Sous un ciel opaque qui lâche de temps en temps une giclée de prostatique, vu d'en haut du cimetière c'est un champ de chrysanthèmes qui s'étale jusqu'en bas, jusqu'à la lisière de la plage déserte elle aussi maquillée en funéraire.

Ça sent bon la mort.

 

Mon suicide.

La seule question existentielle qui mérite que je me la pose et que j'y réfléchisse.

Les circonstances aujourd’hui sont favorables à la méditation joyeusement morose.

 

Pourquoi je vis, moi, quand un frère ou une sœur ou les deux à la fois, auraient pu être conçus, auraient pu naître, auraient pu vivre à ma place ? Loterie stupide de la conception !

 

Je connais la réponse.

Parce que mes

… parents

m'ont conçu.

Quelle blague !

 

Ils m'ont conçu, oui.

Un soir où ils s'emmerdaient tellement, pire que des rats crevés. A en oublier qu'ils ne se supportaient plus, qu'ils se dégoûtaient, depuis belle lurette. Je ne suis que la trace de leur dérapage conjugal, que la désastreuse conséquence de leur coït accidentel. Ce n'est tout de même pas un bon départ pour avoir envie de vivre une conception aussi merdique.

Je ne comprendrais jamais pourquoi j'existe.

Ils m'ont conçu...

 

Il y a de quoi en exploser de rire.

 

Après de multiples et minutieuses observations, j'ai du mal à croire qu'ils sont mes géniteurs. Ils n'ont rien de commun avec ma personne. Des étrangers qui se disent... ma famille. Ah oui ! Je ris !

Au fond, eux, n'importe qui, n'importe quoi, quelle importance ? Le résultat est le même. Contre mon gré, contre ma volonté, à mon insu, je suis. Et personne ne s'est soucié de me demandé mon avis. Et ça continue puisqu'ils s'obstinent à m'empêcher de mourir.

 

Tu es né, tu dois vivre, tu n'as pas le choix.

C'est injuste.

 

Ça quoi ça me sert de vivre ?

A qui et à quoi ça peut bien servir que je vive ?

Rien ni personne n'y trouvera jamais un intérêt quelconque.

Je n'ai aucune raison de maintenir cette existence ridicule.

Qui, immanquablement, se terminera par une pourriture généralisée et définitive.

 

Parce que je pourrirai et le monde pourrira avec moi.

Je viens de la pourriture et je retournerai à la pourriture.

La vie va vers la mort et naître c'est mourir. Lentement. Contre son gré et à son insu. Dans la fatale et inévitable décrépitude de la vieillesse, l'insoutenable naufrage du gâtisme intégrale.

La vie n'est qu'une pourriture absurde.

Ça me donne la nausée.

 

Plutôt mourir vite et bien, jeune et en bon état.

Suicidons-nous tant qu'il est temps.

Si on ne peut rien faire de sa vie, faisons au moins quelque chose de sa mort.

 

Un suicide.

Pas un suicide honteux, entre deux portes, à la sauvette. Un suicide de pauvre.

Mais un beau suicide, debout, ici et maintenant, au milieu du cimetière, la tête dans les chrysanthèmes, jaunes de préférence. Le jaune est une couleur lumineuse. Comme on ne meurt qu'une fois, parait-il, je veux du flamboyant pour ma sortie. Ce sera peut être douloureux, mais je serai mon propre bourreau.

 

Mon suicide.

 

Il me consolera.

Il me rachètera.

Il me ressuscitera.

 

Si je m'y prends bien, si je soigne le décor et la mise en scène, je finirai en beauté.

 

Le raté comme m'appelle mon

… père,

ne se sera pas raté.

Il pourra ne plus avoir honte de son

… fils.

Ce sera la première, et la dernière, fois, de mon existence que je lui ferai plaisir.

Qu'il sera fier de moi.

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