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1 mars 2019

ET LA FOUDRE EST TOMBÉE SUR MA TÊTE

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J'étais encore adolescent.

 

J'étais dans une forme surnaturelle ce soir là.

 

Je chantais, je riais, je dansais dans ma chambre pleine de soleil de minuit.

 

Musique à fond, je planais.

 

Pendant que mon père fulminait devant ses conneries télévisuelles qu'il écoutait comme un bigote écoute la messe télévisée le dimanche matin. Religieusement. Et que ma mère pleurait en silence. Toujours en mode muet ma mère.

 

Ça le faisait enrager mon père. Déjà qu'il est toujours en rage chaude brûlante contre tout et n'importe quoi... Il ne regarde les infos que pour le plaisir de râler, de tout critiquer, démolir. En dehors de lui, rien ne vaut tripette.

 

Alors, mes cheveux longs et décolorés, mon tatouage, mon piercing, mes bagues, mes bracelets, mes colliers et mes fringues en ruines de toutes les couleurs, il ne supportait pas. Et je ne parlerai pas de mes petits poèmes. Là, ça le dépassait. Il m'appelait le petit pédé agité du bocal et du cul. En retenant son envie de me coller des baffes, de me casser la gueule histoire de faire de moi un homme. Un vrai. A son image.

 

C'est ainsi que tout a commencé.

 

Un jour. Une nuit. Un soir peut être. Oui un soir. Entre chien et loup.

 

L'heure toujours fatale.

 

Mon père a craqué.

 

Il s'est mis a hurler en tapant dans les murs. Ça ne peut plus durer. Il en a marre. Quand il y a un fou dans une famille, il faut s'en débarrasser. C'est une mesure de salubrité publique. Il faut protéger les autres. Il appelle les flics pour en finir et c'est tout.

 

Ma mère a dû en sursauter parce qu'il lui a dit qu'il se foutait éperdument de ce qu'en dirait le quartier. Au point où l'on en est, ça ne peut pas être pire. Autant boire la honte jusqu'à la lie. Qu'on l'enferme ce maboul et qu'on n'en parle plus. Y en a marre. Ça suffit comme ça. Point barre.

 

Il m'a pris par la peau du cou pour me jeter aux oubliettes.

 

Un couloir. Un long couloir. Je n'en voyais pas la sortie et j'en avais oublié l'entrée.

 

Un cul de sac. Sans queue ni tête. Cul par dessus tête. La tête et les doigts dans le cul sans pouvoir les sortir. Dans un tombeau au fond des fosses anales.

 

Pire que l'enfer.

 

Parce que ce n'était pas cet enfer de l'au delà dont me bassinait ce foutu curé quand j'étais enfant. C'était l'enfer d'ici bas, celui du monde des vivants. Enfin des vivants, de ceux que la médecine n'a pas encore déclarés cliniquement morts.

 

L'enfer en moi.

 

Mon père avait raison.

 

J'avais le diable dans la peau. Il me possédait. Je n'étais plus moi. Mais moi et un autre. Un autre moi, le diable peut être, que je ne connais pas. Et moi, je ne me reconnais plus.

 

L'enfer.

 

Rempli d'échos comme des éclats d'obus qui giclaient des murs pour venir me percuter de plein fouet. Un vrai tir de barrage d'orgues de Staline que mon père admire tant dans ses putains de films de guerre. Pas moyen de crier au cessez le feu. Ça me pilonnait, ça me pilonnait. A m'en fracasser la tête contre un mur ou à me jeter par la fenêtre pour y mettre fin.

 

Voilà, c'était là que mon cher père m'avait jeté comme une vieille pelure à la poubelle. Là bas, il vont te mettre du plomb dans la tête. Aux petits cons comme toi, ils savent apprendre à vivre et à être raisonnables.

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