AU NOM DU PÈRE/Arte.tv
Je ne suis pas fan de série. Je préfère mes livres. Mais là, ce qu'Arte.tv nous offre m'a fait poser mon livre.
De quel père s'agit-il ? Ou plutôt de quels pères, au pluriel. Car il y a deux pères dans l'histoire. Le père du ciel et son double terrestre, le père de famille, dernier avatar d'une longue lignée de pasteurs luthériens. Un père de deux fils dont l'ainé reniera la foi de ses ancêtres, sera maudit par son père, et terminera sur la voie du bouddhisme et le second, le fils parfait qui endossera la soutane, partira comme aumônier à la guerre et qui en reviendra fracassé jusqu'à la folie. Un père écartelé entre ses vices et son désir d'être un pur homme de dieu. Un père tyran à l'image de son dieu.
Et puis il y a les femmes. Bien malmenées dans l'histoire. Dieu n'est pas un féministe convaincu. A l'exception d'une femme élue évêque... Et encore.
Religion et croyance, famille et cadavres dans le placard, guerre, politique, racisme, xénophobie, filiation et transmission, amour, sexe, les thèmes sont nombreux et il ne faut rien en perdre.
Tout le monde est méchamment secoué dans cette histoire. Le père comme les autres mais qui reste envers et contre tout, doit dans les bottes de sa foi. Même quand on l'oblige à regarder en face comment et pourquoi il a détruit son pasteur de fils censé faire mieux que le père. Et qui ne parviendra pas à tuer ce père. Ce qui, symboliquement, lui serait pourtant nécessaire. Pour son salut sur terre.
C'est magnifiquement réalisé, superbement bien joué. Bouleversant. Une étude de la nature humaine et de sa tragédie absurde digne de Balzac. Une peinture de la famille, ce lieu toujours, quoiqu'en prétendent ses défenseurs aveugles, hautement pathogène. Comme quoi télévision et littérature ne sont pas antinomiques. Un chef d'oeuvre. Je l'ai regardée en deux soirs. Je reste sur ma fin, mais la seconde saison est tournée. Je l'attends avec impatience.
Ne ratez pas l'interview du réalisateur. Surtout pas.
"Au Nom du père" met en scène une famille danoise, issue d'une longue lignée de pasteurs, à un moment charnière de son existence. Créée par Adam Price ("Borgen"), la série explore les relations conflictuelles entre un père omnipotent incarné par Lars Mikkelsen, et ses deux fils. Du 29 novembre au 13 décembre à 20h55.
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