LA MUSIQUE ET LA MORT
A ma grande surprise
et alors que je devrais avoir reçu le baiser de la mort depuis mon plus jeune âge
je suis toujours
vivant.
Malgré cette tentation, la plus forte de toutes les tentations auxquelles j'ai été soumis et auxquelles je suis encore soumis. La plus fidèle de toutes devant la porte de ma voûte crânienne. Elle y frappe inlassablement chaque fois que je me sens las. Las de partir à la dérive dans la tragédie, absurde et pitoyable, de ma frigidité émotionnelle, de mon anorgasmie physique.
Ce qui m'a retenu jusqu'à présent au bord de mon précipice, extraordinairement debout,
c'est la musique.
Pendant une symphonie de Beethoven, un aria de Verdi, un concerto de Mozart ou Le boléro de Ravel je suis
polyorgasmique.
Guéri.
De mes débandaisons psychiques, de mes éjaculations mentales prématurées, de mon dégoût de la vie, de mon corps, des hommes, des bêtes, de la nature toute entière.
De la copulation reproductrice.
Ce ne sont plus que longs moments de plaisir absolu où seuls existent les supplices et la volupté de la folie, dans mon univers d'autiste, mélange de la peur de la mort et d'une aspiration à un érotisme sauvage.
Agréable sensation d'une légèreté de dément.
C'est une sensation qui peut s'éterniser au delà de la dernière note, semblable, je suppose, au ressenti de mort imminente, le paroxysme d'un orgasme absolu.
Une décorporation totale.
L'orgasme musical est physique, sexuel. La bandaison est indispensable pour y parvenir et il est déclenché dans le cerveau par une véritable éjaculation. Baiser avec la IX° pour jouir avec Callas, c'est tout de même autre chose que de jeter son foutre dans la con de la blonde d'à côté, de la brune du dessus ou de la rousse d'en face. Et je ne parle pas du cul pommé du petit pédé blond du dessous.
Viva musica !