VIEILLESSE

Ce qui est pire que tout, dans la vieillesse, c'est qu'elle vous fait perdre non seulement toute possibilité de bandaison mais aussi et surtout toute capacité à rêver.

A vingt ans, vous rêvez n’importe où, n'importe quand. En toutes conscience, maître de vos songes. Seule votre fantaisie les dirige. Et c'est bandant. Tellement bandant que souvent cela provoque une solide bandaison Et à une belle et riche séance de masturbation avec, à la clef, un explosif orgasme manuel.

Avec le temps, la réalité vous couvre de son voile gris. Avec le temps, le rêve se met aux abonnés absents. L'impuissance onirique précède l'impuissance du caleçon.

On ne rêve plus donc on ne bande plus., on ne baise plus, on perd même la joie de la glorieuse branlette.

C'est la chute.

La chute dans le triste enfer du désir refroidi, du plaisir figé par la glaciation.

Ça donne très vite l'envie de crever.

Mais on ne court pas se pendre pour autant. Même si la pendaison est réputée provoquer une dernière érection, une ultime éjaculation. Bienheureux les pendus qui meurent dans un orgasme final.

Vieux, on ne rêve plus à ces aventures que l'on cherchait dans les rues. On survit. Comme on part en voyage organisé all inclusive. Avec dans ses bagages, en cabine, jamais en soute, on a appris la morne prudence avec les années, non plus des songes mais des médicaments.

Notre dernière rigidité, la canne.

On marche à petits pas alors qu'on jouissait à grands jets dans des chattes sublimes aujourd'hui à sec.

Et sous la peau, le rire des têtes de morts.

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[f_auspert]

Dans la sérénité, acceptons les choses que nous ne pouvons changer, ayons le courage de modifier les choses qui doivent l'être, et dans notre sénile sagesse d'en connaître la différence ...







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