EXÉCUTION CAPITALE
Quatre heures du matin. C'est l'heure, courage mon ami. Je ne suis pas son ami, il n'est pas mon ami. Je n'ai pas d'ami. Je n'ai jamais eu d'ami. J'ai trop la haine de l'humanité.
Ils m'ont rasé la tête, découpé ma chemise. Servi le dernier repas, ce n'est pas de faim que je vais mourir. Le dernier coup à boire. Pas assez pour me bourrer la gueule jusqu'à l’inconscience. Un verre, un petit verre, c'est peu. Il y a même un curé qui veut absolument me faire baiser son crucifix. Je lui dit d'aller se faire enculer par son dieu sauveur qui ne va pas faire de miracle pour moi.
Allez, ils me mettent debout, me ficèlent les mains dans le dos. La porte s'ouvre. On y va.
C'est maintenant qu'ils vont me couper en deux ! Ils vont me couper en deux vivant ! M'égorger comme un porc. Ma saigner à blanc.
Puisque j'en suis la vedette, j'espère qu'ils vont réussir le spectacle, que l'honnête contribuable qui assistera à ma décollation en aura pour son argent et son plaisir.
Il est long ce couloir.
Mais elle est déjà là cette garce ! Droite sur son estrade. Elle me dévisage. Elle rigole, elle se fout de moi la salope ! Elle sait que je vais éjaculer tout mon sang entre ses jambes. Pourtant je ne me sens pas prêt à bander moi...
Tellement belle qu'elle finirait par prendre le premier rôle. Ah non ! Pas de ça ma fille ! Tu seras moins fière quand tu seras pleine de mon sang. Quand ils te gratteront le dos avec leurs balais brosses.
Il fait quoi , là, l'avocat commis d'office ? C'est un peu tard. Je n'ai plus besoin de défenseur. Il est tout pâle. Ils sont tous tout pâles. Pourtant, une fois le rideau baissé, ils vivront eux. Et dieu qui a accroché des étoiles au plafond. Il n'est pas indécent celui là ?
Moi, je vais crever.
Putain, j'ai peur d'un seul coup. J'ai froid aussi. Et je suis en train de me chier dessus. Je tremble.
Ils me lient sur la planche, me basculent Ma tête dans le carcan.
Je vais crever.
J'ai peur.
Je pense à toi, ma douce, ma rousse. Ma pauvre tête sur tes seins...