LES VIEUX
C'est affreux la vieillesse.
Ce corps qui qui fout le camp aux abonnés absents. Cette chair qui ne répond plus, qui n'attire plus personne. Et qui vous donne le dégoût de soi quand, par accident, vous la rencontrer dans le miroir de la salle de bains. C'est bien parce qu'il faut, même si ça ne sert plus à rien, rester propre sur soi. Il ne manquerait plus que l'on pue ! Déjà qu'un vieux ça ne sent pas bon !
Ces portes de la jeunesse, celle des autres, définitivement, irrémédiablement fermées. Qui ne s'ouvriront plus jamais. En rêver, seulement en rêver, serait de la pire indécence.
Cette interdiction incontournable que l'on s'impose de frotter sa vieille peau contre une peau trop jeune. Malgré l'âge et sa propre décrépitude, qui pourrait bien avoir envie d'une aussi décrépie que soi ?
Les vieux sont pauvres.
Mais ils ne sont pas seulement pauvres en argent. Même les vieux fortunés sont des fauchés du sexe. Ils n'ont pour seul bien qu'une triste branlette en solo et un rouleau de papier essuie tou.
Mais ce n'est pas parce que l'on est vieux que l'on n'a plus droit de jouir en se masturbant entre garçons, comme à l'époque des jeux troubles de l'adolescence.
Alors.
Allez viens. Viens l'ami de toujours. J'ai de la bière au frais et des pornos téléchargés sur internet.
On va se branler ensemble, chacun dans sa main. Même si on bande très mou, même si on éjacule à petits pas, on s'en fout. On peut se mettre un peu de bonheur au bout des doigts et se dire que malgré les as, rien n'est foutu.
Même si on a fait le tour complet de toutes les questions, rien ne nous empêche de poser un peu de lumière sur notre misère.
Assieds-toi.
On sera bien, tu verras.
Une petite avance sur ce paradis qui n'existe pas.
Pour échapper un moment à notre enfer ici bas.