SYLVAIN TESSON / DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE

Qu'est-ce que ce livre ?

Un récit de voyage ?

Un recueil de petits poèmes en prose ?

Une œuvre de philosophe ?

Un conte écologique ?

Un roman d'aventure ?

Tout cela. Et plus encore. En beaucoup plus simple.

Un livre, un beau livre, un très beau livre. Dans lequel on s'enfonce, avec l'auteur qui nous y entraine, dans la nature indomptée autour du lac Baïkal. Au cœur d'une nature encore sauvage qui dort sous des épaisseurs de glaces impressionnantes. Dans la vie qui explose pendant le dégel. Il emporte tout le nécessaire pour vivre dans des conditions extrêmes plus quelques grands auteur, de quoi fumer et des litres de vodka.

Que l'on ne s'y trompe pas. Chez Tesson on n'est pas chez Rousseau. La nature est belle, mais elle est dangereuse, violente, sans pitié, cruelle. Tu bouffes ou tu es bouffé. Les lois naturelles on s'y soumet ou on crève sur les rives du Baïkal, dans la forêt sibérienne. Il y a le froid, les ours, les loups, les tempêtes et... la solitude et la vodka.

Et puis, son amour de la Russie et des russes auxquels il ne fait pourtant pas de cadeau. L'amour n'empêche pas la lucidité. Ce goût de la solitude. De ne vivre que de, pour et dans l'essentiel.

Tesson ne fuit pas la ville, la civilisation, la société des humains. De son propre aveu, ce serait courir à la catastrophe. Non, il part à la recherche de lui-même, quitte à y perdre beaucoup, il en prend le risque sans arrière pensée. Il va y perdre pas mal en effet. Il en oubliera son goût de lire des livres pour lire le moindre hiéroglyphe laissé par le vent, la pluie, le gel, le soleil. Il finit par devenir un élément de cette nature, parfaitement intégré, parfaitement à sa place.

On finirait par avoir envie de se réfugier très loin, là bas, dans une cabane au bord du lac. Quand on referme le livre.

Et lui en reviendra-t-il ? Et si oui, comment ? Réponse dans ce livre qu'il faut lire. Au moins pour comprendre que nos petits soucis de connexion internet ou de téléphone portable qu'a pas d'réseau c'est vraiment, mais alors vraiment des conneries inutiles avec lesquelles nous nous pourrissons la vie. La vérité doit être au fond de la forêt. Avec un peu de vodka !