IL EST PARTI
Elle
elle est restée sur place, en vide absolu de compréhension.
Et avec le goût amer de l'inabouti.
Il l'a laissée seule en scène bien avant la fin présumée de leur pièce.
Ils ne s'étaient rien refusé et tout donné. Toujours le meilleur, jamais le pire.
Pourquoi ?
Il a disparu, dans un silence comme un épais brouillard de nuit, sans un mot, sans une larme de déchirement ou un cri de colère, un soupir de douleur ou un regard de regret. Et sans se retourner. Surtout pas se retourner. Ne pas prendre le risque de la revoir, de retrouver le sens de l'éternel été qui n'avait duré que le temps de craquer une allumette. Cette allumette qui les avaient embrasés jusqu'à l'incendie total dès le premier après midi dans un hôtel de printemps trop précoce
Il a pris un bateau, un train, un avion en partance pour nulle part, pourvu que ce soit loin, très loin.
La route devant lui ne devait pas avoir de fin et le vent qui le poussait trop puissant pour un retour en arrière.
Il l'a gardée dans son souvenir. Ses seins dans sa bouche, ses jambes sur ses hanches, le goût de son sexe, des coulures de son sexe qu'elle lui ouvrait des deux mains. Dans lequel elle le voulait tout entier, corps et âme. Dans lequel elle l'invitait comme on invite un prince à entrer dans sa chambre à coucher. Il a encore son parfum qui le tatouait jusqu'au prochain rendez vous, et qu'il portait comme un talisman contre tous les malheurs.
Il est parti
hallucinée d'elle
le ventre dévoré du désir d'elle et les yeux carbonisés par ce soleil qu'elle portait comme un bijou entre ses cuisses.
Il aurait tout brûlé pour elle.
Et il l'a fuie comme on se noie par suicide.
Parfois
l'amour est mortellement violent.