P.P. PASOLINI / ACTES IMPURS

 «J'ai beaucoup risqué en écrivant Actes impurs et Amado mio. je ne sais pas si les sujets si scabreux de ces deux récits sont suffisamment nécessaires et objectivés; je suppose même que certains, si je disais le nom du péché... ne liraient peut-être même pas la première page du livre. Paolo et Desiderio luttent-ils assez contre leur amour? Il est vrai, tant que la passion les consume, leur péché se consume avec eux; mais au-delà de cette passion, où il n'y a que sensualité, qu'est-ce qui les justifie? L'anormalité de leur amour est déjà une peine assez lourde, une "condamnation à vie", c'est vrai; mais suffit-il de souffrir pour se racheter? »

Pier Paolo Pasolini

Tout Pasolini, tout son livre qui le contient pour le protéger, le renferme pour mieux le déchirer, sont dans ces quelques mots.

Son amour et son désir pour Désiderio le condamne. Un amour et un désir qui n'osaient toujours pas dire leur nom, surtout dans l'Italie catholique apostolique et romaine de l'époque qui ne goûtait guère le péché de sodomie.

Le condamne, les condamne. Mais aussi glorifie leur amour tellement charnel, leur sensualité « obscure » qui répond à la sensualité solaire de la campagne italienne. Une sensualité de la nature qui va éblouir le jeune Pasolini et exacerber la sienne.

Il y a comme une odeur de paradis perdu, d'innocence intrinsèque du désir et de l'amour dans cette autobiographie brûlante d'authenticité. Pasolini s'y livre au lecteur nu et sans masque.

C'est dans des textes exaltés et meurtris qu'il nous dévoile sa passion dévorante pour son amant. Le livre ose dire la brutalité du désir, les rites de la jouissance mais aussi l'infinie tendresse de Pasolini pour les adolescents (il a 23 ans) dont la jeune et brutale virilité est en accord parfait avec les moeurs et les paysages de la rude campagne environnante. Pasolini qui comprend que cette quête charnelle est celle de l'absolu à travers le plaisir homosexuel. Il ne parle du reste jamais d'homosexualité mais d'amour entre hommes, et encore à fleurets mouchetés. Mais comme il sait décrire cet impétueux et fastueux désir viril pour des chairs et des sexes gonflés de sève ! Quand on a quinze ans, on ne s’embarrasse pas de fioritures ni de pudeur. C'est au coin d'un bois, d'une vigne, au bord d'un fossé que les corps se dénudent et engage un véritable duel sexuel.

Actes impurs est l'acte de foi de Pasolini en l'amour homosexuel. Le paradis des amours enfantines avides de sexe. En ce paradis qui peut très vite, et qui va très vite, se transformer en enfer.

Mais Pasolini n'exclue pas les femmes. Sa mère d'abord, relations fusionnelles. Et puis, Diana amoureuse de Paolo, joue du violon et sera finalement sa confidente.

Ça pue somptueusement le soufre.