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11 mars 2017

PASOLINI

220px-Pier_Paolo_Pasolini

 

 

« Sa fin a été à la fois similaire à son œuvre et très différente de lui. Similaire parce qu'il avait déjà décrit, dans ses œuvres, les manières crasseuses et atroces, et différente parce qu'il n'était pas l'un de ses personnages mais une figure centrale de notre culture, un poète qui avait marqué une époque, un réalisateur brillant, un essayiste inépuisable. » (Alberto Moravia).

Il en est pour qui la vie est un long chemin de croix.

 

 

Je ne vais pas écrire la biographie de Pasolini. Ce serait inutile. Et peu glorieux, et pour lui et pour moi.

 

Pasolini.

 

Il en est pour qui la vie est un chemin de croix, douloureux et jouissif.

 

Pasolini fut de ceux-là.

 

Il est tombé à chacune des quatorze stations. Il s'est relevé aux treize premières. A la quatrième il est resté couché. Mort.

 

Assassiné par, semblerait-il, une petite putain homosexuelle au milieu des ordures. On me dira que ce n'est pas glorieux de mourir ainsi. Que c'est particulièrement glauque. J'en accepte l'augure, mais...

 

Mais je ne peux, quant à moi, imaginer Pasolini mourir dans son lit d'un banal cancer ou d'une très ordinaire crise cardiaque. Sa mort lui correspond. Jusqu'où ne l'avait-il pas cherchée, ne l'avait-il pas provoquée ? Désirée ? N'a-t-il pas, finalement, vécu que pour cette mort de tragédie grecque ? Pour finir au milieu de ce qu'il considérait être, les ordures ? Charogne, ordure parmi les ordures.Comme Baudelaire mort de la vérole...

 

Une mort ignoble comme expiation ?

 

Il est des maudits de la vie.

 

Qui n'ont rien, objectivement, à expier, mais qui expient quand même. Qui ne vivent pas leur vie mais qui la construisent en toute conscience comme un enfer et jusqu'à la catastrophe finale. Dans une soif d'absolu qui n'est rien d'autre qu'une dynamique de destruction, d'auto destruction. Puisqu'ils ne pourront jamais atteindre ce beau transcendant qui l'aspire, autant se détruire. Il n'y a pas de dignité à vivre. Parce que le beau est inatteignable.

 

Pasolini fut de ceux là.

 

Déchiré entre l'indicible souffrance des maudits de la vie et son nécessaire corollaire, la jouissance d'une sensualité exacerbée. Partagé entre ses pulsions morbides et son amour de la beauté. Dépassé par une envie de vivre si forte qu'elle ne peut conduire qu'à rechercher la mort. La provoquer par un jeu morbide dans lequel on se sent vivre absolument. La jouissance de la mort pour se sentir vivant. Douloureusement vivant. Pasolini est de ceux qui ne peuvent se sentir vivre que dans la douleur de l'extrême jouissance.

 

En pleine lucidité il a accepté son destin, il est allé jusqu'au bout.

 

Sa mort ne fut pas un assassinat mais un suicide. Un suicide, parce qu'au bout de la désespérance, on ne peut pas aller plus loin, on ne peut pas aller encore. Son meurtrier inconscient de l'enjeu ne fut que son instrument. Comme la corde du pendu. La corde n'est pas responsable. Elle n'a pas de conscience.

 

Pasolini, né crucifié d'avance.

 

Dont le dernier orgasme, et le plus éblouissant, peut être fut le dernier souffle.

 

En cela Pasolini fut un saint.

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