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11 février 2017

ALEXIS TIMIC

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Sous ses airs de dandy cultivé, Alexis Timic est un drôle de type. Il n'a pas de rire, pas de larme. Juste un sourire juste un peu ironique qui met la distance. Qui le met en scène. Loin du monde. Sans en avoir l'air, il est toujours absent, renfermé dans un monde que lui seul connaît et où personne ne peut entrer. On dit de lui que c'est un sauvage, un asocial. Pourtant, s'il est d'humeur, il peut se montrer charmeur, séducteur parfois à la limite de l'hystérie. On ne lui connait ni ami ni amour. Il n'appartient à aucun groupe, n'a jamais adhéré à un parti, un syndicat, une religion, une philosophie, une association. Dans un groupe, il est froid, distant, sur la défensive. Ou au contraire, il va en faire des tonnes pour être le centre. Car il ne supporte pas ne pas être le centre, ne pas être mis en pleine lumière. Il faut qu'on l'admire.

 

Mais Alexis Timic est un monde clos.

 

Il a dû vivre et doit vivre des trucs bizarres dont il ne parle jamais. Il ne parle jamais de lui. Ou alors avec tellement de détachement, si froidement, que tout le monde oublie que c'est de lui qu'il parle et pense qu'il évoque une connaissance, la vie d'un autre. Quoiqu'il raconte, il ne se sent pas concerné par l’histoire. Rien ne sonne vraiment juste et vrai chez lui. Jamais. Et il semble ne ressentir jamais ni plaisir ni douleur. Rien de ce qui lui arrive ne le touche. Rien de ce qui arrive aux autres non plus. Il est sans compassion, sans empathie. Sans chaleur, sans générosité. Il le dit et on peut le croire, ce n'est pas qu'une pose, qu'il pourrait voir mourir un enfant qu'il n'aurait pas le moindre sursaut de pitié.

 

Alexis Timic est seulement étranger à lui-même.

 

Nihiliste absolu il ne croit pas en lui, il ne croit pas en l'homme, il ne croit pas en dieu. A la limite il pourrait croire au diable si son hyper rationalisme le lui permettait. Cet athée complet ne croit pas davantage aux grands sentiments, aux idées généreuses, à l'amour, à la tendresse, à la bonté, au bonheur ou au malheur. Il en parle avec beaucoup d'ironie mordante, avec un mépris total, sous un sourire glacial. Il semble du reste n'aimer, ni détester ni les hommes ni les bêtes. Au mieux, indifférent. Son extrême tolérance n'est en fait qu'une infinie indifférence.

 

Alexis Timic n'aime pas aimer, n'aime pas être aimé.

 

Alexis Timic fait partie de ceux qui ne parviennent ni à aimer et surtout ni à s'aimer. Sous un masque de narcissisme exacerbé, il se méprise, il se déteste. Il se dégoûte. Physiquement et psychiquement. Chaque passage devant le miroir est un chemin de croix ou ne manquent jamais l'auto dénigrement, l'auto dévalorisation et une pluie d'insultes qu'il s'adresse avec la jouissance de l'auto masochiste.

 

Alexis Timic se déteste.

 

Et la haine de soi entraine ipso facto la haine de l'autre.

 

Alexis Timic ne sait vivre que dans la haine et la colère universalisées. Il n'est aimable qu'en apparence, par pose de dandy par définition séducteur. Mais haine et colère sont les seules émotions qu'il puisse ressentir consciemment. Ce sont ses défenses, ses fortifications derrière lesquelles il se sent, il se croit, invulnérable. Il rejette le monde et s'arrange pour que le monde finisse par le rejeter. Et il y trouve là aussi un indiscutable plaisir. Mais que le monde parvienne à se glisser dans l'une de ses failles, et il en a, c'est l'angoisse dévastatrice, colère et la violence. Qui le laissent replié sur lui-même, en proie à des douleurs diverses et variées.

 

On le dit solitaire.C'est un solitaire par nécessité.

 

Par peur de soi, par peur de l'autre. L'autre, ce danger mortel.

 

Être amoureux lui est absolument étranger. Cet athée ne croit pas en l'amour, ne croit pas en la tendresse. Pourtant, ce grand séducteur n'est pas avare de toutes sortes de preuves d'amour. Preuves auxquelles il n’attache aucune importance, aucune réalité. Pour lui, elles sont ce rituel indispensable, ce phénomène naturel commun à tous les animaux. Une mise en scène pour exprimer une pulsion mais certainement pas un désir ou un sentiment. Dans un premier temps, il laisse à croire qu'il s'offre tout entier et sans restriction aucune. Illusion ! Il ne donne rien. Et les choses se dégradent rapidement. Il se sent envahi, phagocyté. Danger, le salut est dans la fuite. Il s'éloigne et disparaît brutalement, sans un mot d'explication.

 

Le désir de l'autre ? Il pratique le sexe comme un boulimique et comme un anorexique, il en est très vite dégoûté. Jusqu'à la nausée. Il ne croit pas au désir. Il ressent juste une pulsion qu'il doit satisfaire, le plus vite possible. Pour en être libéré. Il pratique, on ne peut pas dire cultive, aussi bien les relations hétérosexuelles que les relations homosexuelles. Dès qu'il y a de la baise, il se fout éperdument du sexe de son ou sa partenaire. Pourvu qu'il éjacule ses angoisses dans un vagin, un cul ou une bouche. Il y a un profond mépris de l'autre donc de soi chez cet homme là. Trop pauvre d'imagination, il n'a pas de rêve, pas de fantasme. Il construit des scénario à partir de lectures ou de films pornographiques dont il reproduit, imite les scènes. Non sans talent, ce qui le fait passer au début pour un excellent amant. Mais ce n'est qu'une mécanique. Il pense souvent qu'il n'est qu'une machine à baiser, sans âme.

 

Alexis Timic ne sait pas partager.

 

Le plaisir réciproque, partagé, cela n'a aucun sens pour lui. On est deux dans un lit, d'accord, mais chacun jouit de son côté et basta ! Lui, il jouit. Que l'autre ne ressente aucun plaisir, il s'en fout comme de sa première dent de lait.

 

Il dit, en éclatant de rire, qu'il n'est de vraie jouissance que dans la masturbation qu'il pratique régulièrement, partant du principe qu'il est le seul à pouvoir se faire jouir. Il prétend que l'acte sexuel n'est rien d'autre qu'une masturbation à deux, même pas réciproque. Ou qu'avec les prostituées qui elles n'attendent de leur partenaire / client aucune jouissance. Avec lesquelles il n'y a aucun engagement possible. Là, c'est du pur et simple onanisme avec un corps humain pour sex toy. De toutes façons, le corps humain n'est rien d'autre qu'un gadget sexuel. Il fréquente aussi assidument tous les lieux où l'on trouve du sexe, sex shops, boites à partouzes, lieux de rencontres furtives pour homosexuels...

 

Qu'importe le lieu, le moment, le partenaire pourvu qu'il y ait du sexe. Du sexe, encore du sexe, toujours du sexe pour noyer l'angoisse, la douleur, la souffrance. Toujours plus de sexe pour s'oublier se noyer, s’annihiler. Comme dans l'alcool ou la drogue qu'il consomme sans modération. Et souvent simultanément.

 

L'oubli en avant.

 

Et toujours la tentation prégnante du suicide bienheureux.

 

Comme fuite ultime et enfin sans retour.

 

Alexis Timic est un suicidaire né. Il en porte tous les stigmates. Et la plaie ouverte au cœur.

 

Qui mettra une dernière fois en scène sa crucifixion.

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