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9 janvier 2017

LA SUPER MÈRE I

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La mère

 

Admirable.

 

Mère avant tout, mère jusqu'au bout des ongles, jusqu'au bout du compte en banque, jusqu'au bout du frigo, jusqu'au bout de ses nuits d'insomnie.

 

En elle, tout est mère, seulement mère, uniquement mère. C'est son mantra. Je suis mère de cet enfant.

 

Mère aimante, consolatrice de tous les maux de la terre, qui trouve toujours une solution à tout, mère pélican qui s'enlève le pain de la bouche pour nourrir son petit, mère courage, mère qui se dépouille d'elle-même, pleine d'abnégation, jusqu'au sacrifice ultime, mère sans faille, indestructible mère de granit.

 

Son enfant, la chair de sa chair, le sang de son sang, la vie de sa vie.

 

Son seul bonheur, son bonheur à l'exclusion de tous les autres, son bonheur absolu.

 

Elle est mère, religieusement mère.

 

Mère sainte, sainte mère.

 

Mère toxique, mère maléfique comme la sorcière des contes de fées.

 

Mère venimeuse et vénéneuse. Mère ogresse.

 

S'il existe chez certaines femmes un déni de grossesse, chez ces mères là, c'est un déni de naissance. Cela peut paraître étrange. Si l'on peut dissimuler et se dissimuler une grossesse, on ne peu cacher et sse caher une naissance. Comme les unes ne peuvent pas admettre que leur utérus soit rempli d'un enfant en devenir, les autres ne peuvent pas concevoir que physiologiquement leur ventre se soit vidé. Symboliquement, il reste ad vitam aeternam, rempli de cet enfant. Elles le tiennent, le retiennent dans un « utérus du dehors », et le nourrissent, pour mieux le dévorer, de leur sein, nouveau cordon ombilical. C'est de la folie pure, mais elles sont convaincues avoir hermétiquement verrouiller leur vagin, porte de sortie de tout petit mammifère à sa naissance. Celui là ou celle là n'en sortira jamais. Il ne le doit pas, il ne le peut pas, elle ne le veut pas.

 

Cet enfant, pas plus qu'un autre, n'a demandé à être conçu et à naître. Sa mère, quasiment seule, du moins psychologiquement, lui a imposé la vie. Il est tout à la fois son accomplissement, son cadeau de la vie, son cadeau de vie. Le cadeau qu'elle s'est fait, presque, toute seule, envers et contre tous, contre vents et marées. L'Enfant, mettons désormais une majuscule, l'Enfant est une revanche implacable, une vengeance obstinée. Contre qui, contre quoi ? Vaste question qui mérite des pages d'analyse, ailleurs.

 

Mère exclusive, possessive, jalouse de la vie qu'elle a donnée à l'Enfant, seule détentrice de cette vie, elle est prête à tout pour ne pas en être dépossédée d'une miette. Cette vie, celle de l'Enfant, elle l'emportera dans sa tombe. La vie de l'Enfant est la sienne. Sa seconde vie fondue dans la première. C'est pousser ici la fusion à son ultime degré.

 

Attention !

 

L''Enfant ne doit pas grandir. Elle l'a déjà récupéré de justesse quand il a quitté son ventre. Il ne partira pas de la maison. Pour l'y retenir tous les moyens sont bons. Subvenir à tous ses besoins et lui en créer de nouveaux, satisfaire toutes ses demandes, souvent avant même qu'il les formule, être là, toujours là pour que l'Enfant ne tombe jamais (donc n'apprenne jamais à marcher seulet s'enfuir), le considérer et lui faire croire, qu'il est fragile, qu'il n'a jamais de chance et que maman sera toujours là avec tout son amour. Parce que seule maman le connait, le reconnaît et sait l'aimer. Même si maman saborde tous ses projets de vie pour le garder bien au chaud dans son giron. C'est au nom de l'amour maternel.

 

Autoproclamée omnisciente, omnipotente, omniprésente, mère à la toute puissance auto déclarée qui, sans en avoir l'air, souvent avec beaucoup de douceur, va en régente, au nom de l'Enfant mineur, gouverner le royaume familial en monarque absolu de droit divin, rarement en despote éclairé. Elle peut y mettre beaucoup de douceur, y faire preuve de beaucoup d'amour pour chacun. Sincèrement. Mais aussi et surtout pour éviter la révolte, voire la révolution.

 

L'Enfant est son roi soleil autour duquel tous doivent tourner comme des planètes. Elle, elle est assise avec le soleil. A-t-il un souci, un problème ? La mobilisation générale est décrétée. Toute la famille est convoquée, sommée de tout abandonner, de tout sacrifier pour l'Enfant. L'Enfant par lequel elle dévore la vie des frères, des sœurs, du père.

 

Ce genre de mère s'est octroyé une emprise sans limite de temps et de lieu sur sa progéniture. Un discours naturellement jamais exprimé en paroles. Mais les non dits sont souvent bien plus violents et prégnants que les paroles. Ils ont une telle puissance qu'il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas les entendre, bétonné armé pour ne pas en être atteint. Ces mères hurlent leurs silences. Et elles ont du génie dans le non dit. Ce sont souvent d'ailleurs celles qui encouragent à parler, parce qu'il faut parler, il faut dire les choses. Pour que maman sache tout.

 

Ce sont en général des femmes à l'histoire fracassée qui de victime sont devenues, à leur manière, bourreau. A leur manière, parce qu'elles ne sont jamais maltraitantes. Ce sont indubitablement des mères aimantes. On ne peut pas le nier. Mais leur excès d'amour étouffe cet Enfant dont elles veulent absolument faire leur clone. Elles ont besoin d'un enfant, second moi-même pour porter, et transmettre, leur mal être.

 

Lourd héritage que celui de ces mères super mamans !

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