LE MENDIGOT

Le mendigot.

C’est un pauvre. Mais ce n'est pas un pauvre de naissance ou par accident. Ce n'est pas un pauvre par manque de fortune, c’est un pauvre par ignorance de ce qu'est la fortune. Il peut bien coucher sur un tas de lingots, il ne sera jamais fichu de reconnaître la moindre pépite qui passe à sa portée.

Il lui manquera toujours une caresse pour faire un câlin comme d'autres manquent toujours d'un centime pour faire un euro.

Alors, le cœur toujours à la débraille, la cuisse d'avance hospitalière, il va de trottoir en trottoir tendre sa sébile aux passants.

Entre mendicité et tapin.

A vot'bon cœur madame, à vot'bon cœur mademoiselle.

Monsieur, vous qui passez, faites-moi l'aumône.

Venez donc dormir chez moi vous m'y ferez du feu, vous me donnerez à manger et à boire, vous me laverez les pieds, je serai tout à vous, vous serez tout à moi. Je vous saurai vous guérir de vos malheurs anciens. Je ne serai plus moi, vous ne serez plus vous et nous ne ferons plus qu'un et seul au monde.

A vivre dans l'attente, toujours en manque.

Être heureux est une richesse qui ne lui coûte rien mais dont il n'a pas les moyens.